samedi 13 décembre 2008

OneBox Cinema : Allocine se prend (enfin) un iceberg

On en parle depuis 15 jours, et pourtant pas d'annonce en grande pompe chez Google (habitué à lancer des services tous azimuts, souvent très longtemps en phase beta). N'empêche qu'il n'a pas fallu beaucoup plus longtemps pour voir Allociné réagir officiellement.
J'imagine que le buzz sur le web français, mais surtout sur les forums et blogs Allociné (une arme à double-tranchant que le user-generated content, pas vrai ?) ont commencé à faire leur effet. Frémissement à la baisse de la fréquentation sur 8 jours ? Peur, entièrement fondée comme je l'évoquais, qui va bientôt saisir le fonds de pension propriétaire de ce site quasi-pornographique dans sa manière d'en mettre partout (de la pub) ?

Ce qui m'avait échappé il y a 15j c'est que ce service ne va pas rester longtemps en phase de test. Ce n'est pas juste http://www.google.fr/movies qui est proposé aux internautes, c'est un nouveau service appelé à se développer très vite puisqu'il est déjà baptisé OneBox Cinema.

Allociné commence à pleurer, moi je n'aurai pas une larme pour ce site obèse qui se voyait beau, pensait pouvoir sous-payer ses collaborateurs tout en se goinfrant. Aujourd'hui il faudrait un quadruple-pontage coronarien et une sacrée diète pour qu'Allociné se repositionne dans la course. Faut pas rêver. Comme pour les éditeurs de CD et de DVD, les gloutons décontenancés préfèrent crier au voleur, au scandale, passer pour des victimes plutôt que de se remettre au travail et repartir sur des bases saines, celles de la concurrence permanente en ligne de services nouveaux, ou encore à créer, et toujours à réinventer.

Mes bien chers frères, rigolons encore une fois avec les mots du capitaine du Titanic Allociné (qui sera d'ailleurs certainement le premier à quitter le navire) :
« Cette concurrence est en effet un peu déloyale pour la plupart des sites dédiés au cinéma, qui dépensent des fortunes en liens sponsorisés pour générer du trafic. Or c'est systématiquement OneBox Cinema qui apparaît en haut à gauche des pages de résultats de Google. Google devient en quelque sorte juge et partie. C'est un peu exagéré. »
"Concurrence un peu déloyale" : ah ah, on sent qu'ils ont interrogé leurs avocats qui, même en se forçant, ne pouvaient pas inventer de (riches) raisons de partir à l'assaut de Google.
"Google devient en quelque sorte juge et partie. C'est un peu exagéré." Deux fois "un peu" en quelques secondes, ça fait vraiment Calimero. Le mec est tellement mal qu'il en oublie ses cours de communication pour manager, cours où il a dû apprendre que chaque phrase prononcée en public doit exprimer la conviction la plus nette.

Hé oui, Google ce n'est pas juste un gentil moteur de recherche qui permet aux gentilles entreprises d'être trouvées par tous les gentils internautes en quête d'info. Google met ses services en avant et jusqu'à présent l'internaute n'a pas à s'en plaindre. Allociné prenait les internautes (et les gens en général) pour des colonnes de statistiques, la partie immergée du web. Ils ont bloqué la marche forcée et ils finissent par se prendre l'iceberg en pleine poire.

Titanic, le blockbuster de 3h14 résumé aux 2h40 du naufrage :
23:40 collision. L'iceberg a été aperçu moins d'une minute avant
23:50 la proue s'est déjà enfoncée de 4m
00:15 premier appel de détresse
00:55 les 2 premiers canots prennent le large avec 60 passagers pour 120 places
02:05 le dernier canot est mis à la mer avec 24 personnes pour 49 places
02:18 les lumières s'éteignent juste avant que le paquebot ne se brise en deux
02:20 le Titanic est totalement englouti par les flots

lundi 8 décembre 2008

Nina Foch (1924-2008)

Quelques rôles mineurs pour incarner la classe avec retenue, résignée à son rôle dans l'ombre des puissants.

Scaramouche (1952) Marie-Antoinette, une reine qui prend soin de marier son amant (Mel Ferrer) avec une jeune première


Spartacus (1960) Helena Glabrus, épouse du puissant général, et bientôt dictateur de Rome, Marcus Lucinius Crassus (Laurence Olivier) qui vient de s'offrir une jolie esclave sous ses yeux

samedi 6 décembre 2008

Le bonus, les brutes et les truands

Il y avait longtemps que je n'étais pas venu déposer une gerbe sur le tombereau de fumier des Picsous du DVD. Toute la mise en scène de "pirates qui mettent en péril la culture" vient de ceux qui, dans l'édition musicale, se sont gavés sur les ventes de CDs et, dans l'édition de films, se sont goinfrés sur le DVD.

Certes je l'ai souvent dit par ici, mais il est malheureusement toujours aussi pénible de supporter leur malhonnêteté quand elle touche à cette culture dont ils se posent en ardents défenseurs. Qu'ils se présentent comme une espèce en voie de disparition, soit, ça fait partie de leur petit business. Ce qui commence à être énervant c'est quand l'Etat se prend au jeu, mais ce qui est carrément insupportable c'est quand leur business se moque complètement de cette culture derrière laquelle ils se protègent.

Comme beaucoup de fans du chef d'oeuvre de Sergio Leone, je suis allé voir Le Bon, la Brute et le Truand quand il est ressorti en version originale intégrale (2002). D'abord je n'avais jamais vu le film sur grand écran, seulement sur une petite télé 4/3 dépassant à peine les 50cm de diagonale (dur pour le cinémascope), et puis c'était l'occasion de voir le film en VO. Les quelques 18 min de rab ? Je n'y pensais pas en entrant dans la grande salle du Grand Action.

Connaissant le film presque par coeur (sans l'avoir vu avant ça plus de 2 fois je pense) la version originale, en italien donc, gâchait pas mal le spectacle. Le Bon, la Brute et le Truand c'est la musique d'Ennio Morricone, la réalisation de Sergio Leone, les acteurs... mais aussi les dialogues. Et comme dans les Tontons Flingeurs, une fois qu'on a associé des images à des dialogues, impossible de toucher à l'expérience filmique. Jean-Pierre Jeunet ne peut d'ailleurs pour cette raison pas voir Orange Mécanique dans une autre version que la VF dans laquelle il a découvert (et revu maintes fois) le film. Bref pour ces films qui touchent au statut de culte parce qu'ils sont tellement à part, il est illusoire de vouloir redécouvrir le film dans une autre version (ce qui est en revanche parfaitement possible pour un Hitchcock par exemple).

Bref ce n'est pas parce qu'on est cinéphile qu'il faut se bloquer sur la VO à tout prix. En revanche on peut défendre violemment l'intégrité du travail original. Cette version "intégrale", correspondant au film présenté par Sergio Leone lors de sa première italienne en décembre 1966, n'est rien d'autre qu'une première version publique du film que le réalisateur a par la suite décidé de raccourcir, non sous la contrainte (il n'a enlevé qu'un gros quart d'heure sur 3h de spectacle), mais pour en améliorer le rythme. Les ajouts qui sont maintenant réintégrés dans tous les DVD remasterisés du film viennent ainsi défaire le travail de Sergio Leone dans son dos.

La sortie dans quelques salles en 2002 de cette version rallongée visait vraisemblablement à annoncer la sortie DVD en 2004 de ce travail honteux, génériquement appelée sans aucune vergogne "Director's Cut" par les trous du cul du marketing DVD. Mais il ne me suffit pas de m'insurger, je veux aussi souligner précisément que les scènes, déversées depuis la déchetterie au milieu du montage définitif que Sergio Leone destinait à l'exploitation du film dans le monde, n'apportent rien, voire handicapent la narration du film.
L'article sur le film dans la version anglaise de Wikipedia liste toutes les scènes réintégrées dans le DVD. Il suffit de la survoler pour voir qu'il ne s'agit que de scènes mineures, qui n'apportent rien (et donc qui ralentissent le film). Je ne m'attarderais pas sur chacune d'elles : certaines sont totalement dénuées d'intérêt, d'autres sont intéressantes mais sans plus, toutes méritaient de rester à la corbeille selon la volonté du réalisateur. En revanche une scène plus longue (pas juste un bout de transition élagué par Leone) correspond à un vrai choix évident.

Tout le monde a remarqué que Sentenza (Lee Van Cleef) disparaît presque entièrement entre son introduction dans le premier quart d'heure, où il assassine froidement ses commanditaires, et le moment où on le retrouve en tortionnaire du camp de prisonniers de Betterville (1h30 dans le film). Au milieu il y a dans le montage définitif 2 petites scènes (à 24 et 29 min) pour baliser la piste de Bill Carson (celui qui donnera à Blondin et Tuco l'emplacement du magot, et donc les mettra sur le chemin de Sentenza). Mais il y avait aussi, à 48 min dans le film, une autre scène avec Sentenza toujours seul sur la piste de Bill Carson. Cette scène de 4 min présentait déjà l'absurdité de la guerre, que Sergio Leone voulait dépeindre en toile de fond, en se déroulant dans des ruines où des confédérés dépenaillés se terrent. Sentenza enquête, mais à force de trainer au milieu de cette misère il apparaît plus humain, ce qui est totalement contre-productif. De plus le côté "critique de l'absurdité de la guerre" anticipait, en moins bien, la grande séquence où Blondin et Tuco arrivent au milieu de la bataille du Branstone Bridge : la scène était donc doublement contre-productive dans la narration.
Inutile d'en rajouter sur l'importance pour Leone de retirer cette scène - entre autres - du montage, quitte à se focaliser entièrement sur les deux autres personnages bien plus sympathiques.

Le film tel que les gens peuvent le découvrir en DVD aujourd'hui est donc une version imparfaite du film voulu par Sergio Leone, puisqu'il s'agit en fait de son dernier brouillon avant mise au propre. Et je ne parle pas des libertés qui ont été prises dans la remasterisation du son et de l'image.
Je suis atterré de penser que les ayant-droits du réalisateur se contentent d'encaisser les royalties en laissant faire. On pouvait faire un coffret avec les deux versions, mettre des scènes écartées en bonus, mais présenter uniquement cette version au mépris de l'intention originale est pour le moins scandaleux.
EDIT: Je vois que plusieurs versions ont été mises en ligne récemment sur les réseaux P2P. Si l'une d'elle correspond vraiment au Director's Cut de 1967, je ne manquerais pas d'en faire la promotion au détriment du DVD que j'ai acheté.

lundi 1 décembre 2008

Google-o-ciné

Embryonnaire pour l'instant le service de Google promet de faire très mal au leader monopolistique français qui se goinfre de pub pour juste offrir, à la base, les horaires des séances de cinéma : Allociné.

Pas mal de business plans ont circulé pour venir tailler des croupières à Allociné, mais vu l'implantation depuis plus de 10 ans sur le web, après une transition en souplesse depuis les services télématiques (d'où le nom très Vieille Economie), rien n'a émergé. J'avais pensé qu'Amazon aurait pu faire qqch avec IMDb à une époque, mais IMDb est un foutoir intraduisible en français alors l'adjonction du service aurait entrainé des calculs compliqués. Et puis pour Amazon il s'agit d'abord de vendre des DVD.

Pour commencer le service Google Movies en français est déjà une sacrée avancée par rapport à Allociné. Fini l'overdose de pubs dans tous les sens. C'est rudimentaire, et à la base un internaute familier de la recherche d'info en ligne y trouvera déjà son bonheur, mais quand l'interface sera un peu mieux mise en forme, personnalisable (salles préférées, alertes sur des films qu'on attend...), proposant une synthèse Google Maps suivant les 2-3 films qu'on a envie de voir à ce moment là, etc. alors là Allociné commencera à avoir mal. Allociné a su créer une communauté pour capter une audience mais tous ceux qui ne perdent pas leur temps sur les forums du site vont assez vite faire baisser l'audience générale, donc les revenus publicitaires. Parce que si l'avantage d'Allociné c'est le foisonnement d'user generated content, son énorme défaut c'est une approche publicitaire boulimique qui ne présentera plus aucune valeur ajoutée une fois que Google proposera le même service de base en mieux.

vendredi 28 novembre 2008

Les Grosses Têtes contre Le Peuple

L'amendement 138 du paquet télécom, soutenu notamment par Guy Bono et Daniel Cohn-Bendit et approuvé à une large majorité par le Parlement européen, a été évacué d'un revers de main au cours du Conseil des Ministres européens.

Pour résumer, cet amendement stipule clairement qu'on ne peut pas toucher à la connexion des internautes sans action en justice, procédure lourde à l'échelle d'une population que la riposte graduée se proposait de contourner.

A quand une risposte graduée à la moindre infraction, sur simple dénonciation ? La carte d'électeur à points ? La carte d'identité ?

EDIT: comme pour confirmer mes propos un tantinet alarmistes sur les intentions profondes de nos dirigeants, notre Chihuahua de la Culture ne se gêne pas pour parler de "combat d'arrière-garde" à propos de ceux qui mettent en avant la défense des libertés individuelles...
Si ce n'est pas un lapsus, ça ne fait pas rire longtemps.

dimanche 23 novembre 2008

200e commentaire sur IMDb

200 commentaires sur IMDb, depuis novembre 2000, cela n'a rien d'extraordinaire, c'était simplement un travail de bloggeur avant l'heure sur LE site de référence en matière de cinéma. Certains internautes inscrits sur le site vont tout voir, commentent systématiquement, et arrivent à 1 000, 2 000... commentaires. Donc en soit 200, ça n'a rien de particulièrement remarquable, c'est juste un anniversaire, une occasion de faire le point.

L'année la plus prolifique a été 2001 (58 commentaires), juste devant 2002 (48) : à l'époque j'allais plusieurs fois par jour au cinéma, principalement pour voir des vieux films que j'avais loupé. Et comme je n'attendais pas de trouver quelqu'un pour m'accompagner il fallait bien que je consigne mes impressions quelque part, puisque d'une manière ou d'une autre le plaisir de partager fait partie du cinéma. La plupart du temps il s'agit de réactions plus ou moins à chaud et, dans cet ordre d'idée, j'ai très rarement modifié mes commentaires (une fois que c'est devenu possible) même si je reconnais qu'il faudrait, ici et là, tempérer ou durcir certaines approches.

Si le rythme est tombé en-dessous de la vingtaine de commentaires par an je pense que c'est dû à une lassitude face à des films moins stimulants en même temps que j'allais de moins en moins au cinéma. Je vais de moins en moins voir les films dès qu'ils sortent, j'attends deux ou trois semaines, et à ce moment là faire un commentaire, alors que j'ai justement attendu qu'on insiste pour que j'aille voir un film, tiendrait plus de la synthèse des avis entendus que de ces impressions à chaud, complètement spontanées, auxquelles je tiens beaucoup.

Quelle est la note moyenne, sur 10, des films que j'ai pris le temps de commenter ? Pas moyen de savoir, et je ne me sens pas l'âme d'un statisticien. Globalement je pense avoir eu plus de choses intéressantes à dire sur des films moyens, ni vraiment réussis ni totalement ratés, que sur des films exécrables ou des films excellents. Pour ces 2 derniers je peux trouver des mots, des superlatifs, m'enflammer ou descendre en flammes, bref faire un joli petit texte bien senti (avec ma manière à moi d'écrire en anglais), en revanche il serait complètement illusoire que j'y discerne ce qui fait que c'est excellent ou nul. Un film excellent on ne peut que le conseiller et le paraphraser, le déconseiller et le paraphraser aussi s'il est nul. Dans un film moyen en revanche on voit tout de suite ce qui ne marche pas, c'est ça qui saute aux yeux quand on aime le cinéma, alors forcément on a envie de le dire parce que c'est une approche complètement constructive qui va au-delà du j'aime/j'aime pas, du consensus mou, de la relativité gluante qui endort les consciences bien au delà du cinéma.

Depuis deux ans je pense que mes commentaires rédigés à la suite du visionnage d'un DVD (ou d'un fichier téléchargé) ont pris le dessus. Il y a là un état d'esprit notable qui tient du besoin de voir certains films assez vite après en avoir entendu parler (pour les vieux films), ou moins cher qu'une place de ciné (films récents). Au final, la seule constante c'est ma passion pour le cinéma : au départ je suis dans la peau d'un spectateur lambda, qui ne va pas forcément au cinéma, je laisse ainsi les films venir à moi, et ensuite seulement je commence à les juger avec un œil de connaisseur. Au bout de ce cheminement intérieur, l'intérêt de mon analyse, mise en forme dans un commentaire IMDb, est pour moi de distinguer ce qui fait qu'un film est plus ou moins réussi, et surtout quels éléments auraient pu être mieux cadrés, mieux conçus, dans la phase d'écriture et de préparation.

samedi 15 novembre 2008

The Battle over Content

Dans mon post précédent je mentionnais, une fois de plus, la médiocrité générale des critiques cinéma qui vont plus voir les films par obligation professionnelle que par envie. Leur travail, dans la presse écrite, c'est de vendre du papier. Mais à mesure que la frontière avec les versions en ligne des journaux s'estompe, le but est plus clairement de valoriser un nombre de pages vues pour valoriser des encarts publicitaires.

Au bout de ce mécanisme l'hypocrisie du travail des critiques et journaleux ciné est de plus en plus évidente. Elle a toujours existé, pas forcément de manière aussi importante, mais maintenant elle ne peut plus se cacher et d'ailleurs, o tempora, o mores, elle ne cherche même pas à se cacher. Créer du contenu, sous prétexte d'information ou de divertissement, pour vendre de l'espace publicitaire autour. Peut-on imaginer dans ce contexte ne pas parler pas des films à gros budget marketing ?

Non, car même si l'on se refuse à accueillir directement de la publicité pour la sortie des films, des DVD, des livres de ciné... (ce qui n'est évidemment pas le cas de ces magazines de publi-rédactionnel, qui se disent presse cinéma : Première, Studio, Ciné Live), les films à gros budget ont la puissance de feu de faire parler d'eux au point de ne pouvoir être ignorés au niveau de l'information pure. Après ils offrent le contenu nécessaire pour squatter l'information sur le cinéma, bien souvent jusqu'à l'overdose d'anecdotes insignifiantes (hé oui, il faut aussi scénariser un making of, pas juste en mettre un bout à bout).
Exemple pitoyable du NY Times en personne :
Anatomy of a Scene: 'Quantum of Solace'
(pensez à bugmenot si on vous demande de vous identifier)

A noter que la critique d'A.O. Scott que ce machin vient illustrer, est très défavorable au film, mais reste bienveillante en essayant d'analyser tout ce qui ne marche pas. Il lui faut 974 mots pour noyer le poisson là où un chroniqueur politique doit faire tenir son analyse en 730 mots. Et je ne parle donc pas de l'espace critique dévolu à des films bénéficiant de 1000x moins de budget marketing.



Quid alors d'une vraie information indépendante sur Internet ? Le soucis c'est que, par exemple, un blog auquel vous faites confiance peut être victime de son succès et vendre son âme au diable.
L'immense inconvénient du blog, c'est qu'il n'y a pas de séparation entre rédaction et publicité, vu qu'on a souvent affaire à un individu unique. Et ça, c'est un immense pas en arrière par rapport à la presse.
Tristan Nitot sur son Standblog le 11/11/08
Effectivement un blog qui accumule les dizaines de milliers de pages vues peut facilement se laisser tenter à ne devenir qu'un contenu prétexte à vendre de la pub jusqu'à mélanger allègrement le tout. Et alors ? Sur mon exemple de la "presse ciné" je ne vois pas où est le problème.

La grande différence à mon sens c'est que sur Internet la réactivité du lecteur est quasi-immédiate. Si certains internautes lisent des entrées de blog qui respirent le publi-rédactionnel (correctement signalé ou pas), pour moi ils sont censés faire preuve de plus d'esprit critique que quelqu'un qui regarde le 20h tous les soirs par réflexe. Si ce n'est pas le cas il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Autant il y a 3-4 ans on n'avait en France qu'un nombre limité de chaines, donc les télespectateurs étaient largement captifs (de leurs propres mauvaises habitudes et) de la mise en scène de l'info sur TF1 ou F2, mise en scène destinée à maximiser l'audience autour des tunnels publicitaires les plus rentables de la grille. C'est toujours un point scandaleux, même si la TNT ébrèche petit à petit un tel monopole morbide sur l'information de nos concitoyens. Sur internet on est plus actif, plus réactif et comme dans les polémiques sur Wikipédia, au global l'internaute est gagnant à partir du moment où il sait ce qu'il va chercher et sur quel site il atterrit.

jeudi 13 novembre 2008

Entertainment vs. Escapism

Il y a quelques différences de langage, a priori irréconciliables, entre le français et l'anglais à propos du cinéma. En France on a une haute idée du 7e Art, dans les journaux le cinéma est classé dans la rubrique culture, et quoique la culture puisse (et même doive) être populaire, on ne peut pas prendre au sérieux un film qui ne vise qu'à être un bon divertissement.

Au Etats-Unis les films font partie de l'entertainment, ce qui se traduit bien par divertissement en français, bien qu'il s'agisse plus spécifiquement dans ce cas de l'industrie du spectacle au sens large (musique, cinéma, théatre, stand-up ou encore télévision, jeux vidéos...). Certains journaux de qualité ont une rubrique à part pour les films (cinema fait un peu prétentieux, même dans le NY Times) mais on y parle sans complexe de business. La position bâtarde de journaleux ciné fait d'ailleurs, ici comme là-bas, que la critique ciné (comme toute critique initialement artistique finalement) est vite frelatée par l'optique actualité qui demande de suivre le jeu des attachés de presse, des producteurs et des acteurs.
Détail amusant : Yahoo ou Google ont une rubrique entertainment pour classer des news qui ne sont bien souvent que des anecdotes people. Dans la version française de ces "agrégateurs d'actualités" Entertainment devient Culture, ce qui m'a permis plus d'une fois de sursauter en tombant sur une accroche à propos des frasques de Britney Spears, ou sur la dramatisation de l'éviction d'un gladiatouriste de la Star Ac', le tout sous l'intitulé Culture. Ce choc des cultures là, justement, me fait - presque - toujours sourire.


Le divertissement en français n'a de connotation péjorative que celle de prétentieux intellectuels qui ont oublié Pascal au passage. Ironiquement, entertainment vient du français "entretenir" qui nous rapproche de la culture ! Entretenir comporte l'idée de don ou d'échange verbal. Celui qui reçoit entretient son ouverture d'esprit, s'ouvre à d'autres cultures, d'autres histoires que celles qu'on veut lui vendre parce qu'on pense que c'est qu'il veux acheter. Si l'on peut isoler un vulgaire divertissement passif, alors l'entertainment est plus à rapprocher du fait de sortir le soir pour s'aérer l'esprit.

Certes on peut s'aérer l'esprit plus facilement en créant un grand courant d'air d'une oreille à l'autre (c'est un peu l'objet du gros son dans les gros films d'action) plutôt qu'en utilisant pleinement ces excroissances du cerveau que sont les yeux. Les américains ont donc un autre mot plus précis qu'entertainment, et qui n'a pas de connotation négative, pour évoquer le besoin de fuir le quotidien : escapism.

S'évader 90 ou 120 minutes c'est bien sûr ce que tout le monde demande à un film (sauf les critiques, pour qui regarder un film est un métier, plus du tout un plaisir depuis longtemps). Personnellement j'estime qu'un film est en grande partie réussi quand il ne me laisse pas l'occasion de m'ennuyer ou de me poser des questions. Si je ne rentre pas dans le film, il n'y a rien à faire. Bon, il est vrai que je suis nettement plus exigeant que la moyenne des spectateurs, mais globalement je viens chercher la même chose au cinéma. Quand des amis m'ont emmené voir Iron-man à sa sortie, j'ai trainé les pieds parce que pour moi, a priori, tous les films de super-héros racontent la même histoire avec peu de variantes vraiment originales. Au bout du compte je ne me suis pas ennuyé, mais je ne suis pas plus enthousiaste qu'au départ.

Escapism, c'est la fuite vers un paradis artificiel, on veut oublier le quotidien pour se perdre dans une autre histoire. Évidemment l'évasion sera d'autant plus facile à gérer que le retour sur terre est doux : le happy-ending se pose là. Mais c'est juste parce qu'il est plus facile de laisser les spectateurs sur une note optimiste. Escapism c'est finalement l'exact équivalent du français divertissement. Se divertir, ce n'est pas directement stupide ou simplement passif en soi, tout dépend du retentissement chez la personne. Si je tends à échapper définitivement au réel, c'est un comportement compulsif ; si c'est ponctuel, et qu'éventuellement j'en tire quelque chose (un bon souvenir au moins, matière à réflexion parfois) c'est du divertissement, ça fait partie de la vie, au même titre que l'illusion. Certains se bercent d'illusions, d'autres ne s'en font pas, ou plus, mais dans l'ensemble nous les recherchons et nous nous portons d'autant mieux qu'elles ne sont pas perdues, ni figées dans une certaine représentation du monde.

Bref le travail d'illusion à l'origine du cinéma mène tout naturellement au divertissement qui a son tour apporte à la culture une respiration. Sans divertissement, la culture n'est que générale. Et la culture générale c'est cette insulte aux individualités toujours rivée au socle de l'éducation nationale plus d'un siècle après la mort de Jules Ferry.

mardi 11 novembre 2008

Petites leçons de scénario

Invité du Pudding diffusé dimanche dernier (Radio Nova - Jean Croc, Nicolas Errera) Jean van Hamme nous explique sa recette à propos de XIII.
Il avoue avoir piqué l'idée de base du bouquin The Bourne Identity (La Mort dans la peau en vf) sans aucun scrupule puisqu'il trouve Ludlum très mauvais dans sa manière de dévoiler une intrigue, de balancer les éléments dans la face du héros sans lui laisser l'occasion de les découvrir. Il est vrai que l'intérêt de Bourne au cinéma ne tient qu'à ses scènes d'action sèches et franches qui font le style Paul Greengrass.
Au delà de l'idée de base il s'agit de donner la plus grande perspective à l'histoire : si Jason Bourne ne se souvient plus avoir assassiné un obscur ambassadeur, XIII (bonne idée aussi de ne pas avoir de nom pour un amnésique) aurait, lui, carrément assassiné le Président américain.
Pas étonnant qu'un pavé aussi médiocre que The Da Vinci Code, avec ses implications de conspiration millénaire qui remontent jusqu'à la sexualité de Jésus, ait eu autant de succès.
Voir grand c'est, je pense, une condition préalable au succès. Après ce n'est pas parce qu'un héros sauve (ou échoue à sauver)(un bout de) la planète de la destruction totale que la subtilité n'a pas sa place.



Je ne suis pas particulièrement fan des histoires de van Hamme que je trouve assez peu originales finalement, très mélange de différentes tournures narratives déjà vues (c'est flagrant avec l'Affaire Francis Blake, épisode relance de la série Blake & Mortimer, pour laquelle il avait à se (re)plonger dans un univers précis : la guerre froide côté british au milieu des années 50), ceci dit on ne peut pas cracher sur l'efficacité narrative des premiers épisodes de XIII (heureusement d'ailleurs parce que niveau graphique...).
Si au lieu du monopole ado-égotiste de Besson sur les films d'action on pouvait avoir des scénaristes aussi efficaces, on ne serait pas trop à plaindre.

jeudi 6 novembre 2008

Michael Crichton (1942-2008)


Dans les nécros de Michael Crichton, en France du moins, tout le monde insiste sur Jurassic Park, Urgences, un peu Harcellement ou Soleil Levant : quelques best-sellers convertis en blockbusters et une série TV à succès. Les journaleux ajoutent aussi dans l'ensemble un poil de perspective sur son parcours, mais quid des films qu'il a réalisés ?

Westworld, un film dans un parc d'attraction futuriste (à la fois brouillon de Terminator et de Jurassic Park) avec Yul Bruyner, La Grande Attaque du Train d'Or (The First Great Train Robbery), délicieusement rétro, avec Sean Connery et Donald Sutherland, l'excellent suspens en milieu hospitalier Morts suspectes (Coma), avec Geneviève Bujold, Michael Douglas et Richard Widmark, ou encore le très curieux Looker... Même Runaway avec Tom Seleck, quoique pas transcendant non plus niveau mise en scène avait un côté futuriste bricolo sympa (les fameuses araignées mécaniques tueuses seront reprises en plus fluide, mais pas forcément plus efficace, dans Minority Report).

Tout ces films, sans être excellents, font partie d'un cinéma inventif, qui sait se renouveler sur le plan des sujets abordés (à défaut de la manière de les filmer), et qui sait être efficace au lieu de se prendre au sérieux. Ce n'est pas le genre de film que les critiques retiennent, ils ont plutôt tendance à les rayer d'un trait de plume, mais ceux qui aiment vraiment le cinéma y trouvent suffisamment leur bonheur pour se rappeler de quelques idées marquantes.

Bref, on peut se souvenir vaguement d'un vulgaire écrivain de best-sellers, de "techno-thrillers", un producteur millionnaire... mais il est aussi permis de retenir ce Michael Crichton là : un homme inventif, curieux et à la pointe sur ce dont notre futur pourrait être fait, et qui a exploré tout ça avec beaucoup d'enthousiasme.

dimanche 2 novembre 2008

J'aime-les-fumistes.con

A l'heure où les politiques croient enfin avoir trouvé la réponse au téléchargement illégal (appelé piraterie pour faire pas joli), les maisons de disques comprennent enfin que mettre des titres gratuits à disposition sur internet est simplement un nouveau moyen de promotion très efficace.
"Cette année, les labels commencent à oser plus de choses et à aller chercher les fans, au lieu d'essayer d'attirer les fans là où ils voudraient les voir", explique Christian Ward, porte-parole du site Last.fm.
Alex Dobuzinskis (Reuters)

Quand j'entends le message publicitaire officiel "si ça continue comme ça dans 5 ans il n'y aura plus rien de nouveau en cinéma, musique, jeux vidéos, que des vieux trucs à télécharger..." je me dis qu'une fois de plus l'Etat se montre incapable de comprendre autre chose que le message de quelques lobbyistes tout en trouvant le moyen de couter cher à tous les contribuables.
Mais bon, c'est la crise, on n'est plus à quelques millions balancés au hasard des idées reçues.

EDIT (05/11): Saine initiative que celle de j-aime-les-internautes.com pour répondre au pitoyable j-aime-les-artistes.com du gouvernement et au pas très drôle Dédé ça-va-couper de l'UFC-Que Choisir.

mardi 28 octobre 2008

Max et les ferrailleurs

La Justice ce n'est pas punir la moindre infraction des lois, c'est assurer la cohésion de la société dans un contexte où la loi est la même pour tous. Quand je vois l'énergie mise par le lobby du racket audiovisuel (je dis racket par provocation mais aussi parce qu'ils s'évertuent à ne pas comprendre que leurs tarifs sont trop hauts), et le docile appareil législatif à sa suite, pour fignoler une "riposte graduée", je pense à ce magnifique film de Claude Sautet.

"Risposte graduée", on nage en pleine guerre froide ! Contre qui ? Des communistes en quelque sorte, des ennemis du Monde Libre qui veulent mettre à bas la Culture et qui entraînent à leur suite des citoyens inconscients ou malhonnêtes dans une Lutte Finale contre l'Ordre Vrai, pour imposer la dictature du Peer-to-Peer contre la Propriété Intellectuelle, défense d'entrer.
Le mal est diffus, l'ennemi est partout, il ronge la société tel un cancer, comme dans ces films US de paranoïa collective des années Spoutnik. Facile de faire peur comme ça, malheureusement les téléchargeurs "pirates" ne peuvent pas raisonnablement être dépeints comme des mangeurs d'enfants... Hé oui, on ne peut même pas faire l'amalgame avec la pédopornographie, et pourtant ce sont bien les "oeuvres" pornographiques qui se téléchargent le plus. Est-ce que les éditeurs de X se plaignent ? Non, parce qu'ils ont dès le début utilisé internet pour mettre leur production en avant, ratisser large et accrocher le chaland qui n'en peut plus de ne caresser que sa souris à deux boutons.

Le joli projet de loi intitulé "Création et Internet" donne donc des objectifs chiffrés au gadget Hadopi : 10 000 couriels d'avertissement par jour. En gros et en vrac, il s'agit de faire peur à la foule des gens qui téléchargent en cliquant bêtement comme s'ils zappaient, alors que ceux pour qui télécharger fait partie du mode de vie en ligne savent très bien utiliser, par exemple, des serveurs proxy qui vont, dans le meilleur des cas, rendre leur identification plus longue donc plus coûteuse. Et encore, aujourd'hui n'importe quel client bit-torrent utilise par défaut l'encryption qui demande déjà à la police du net de remonter jusqu'aux serveurs de trackers pour récupérer des adresses IP et enfin obtenir, éventuellement, du fournisseur d'accès le nom et les coordonnées du méchant téléchargeur. Ajoutez à ça que The Pirate Bay rend aussi cette étape plus difficile en polluant ses trackers de fausses adresses IP.

Au final la riposte graduée revient à courir après le petit délinquant qui vole à l'étalage et n'a même pas un petit frère pour faire le guet ou un grand frère pour lui expliquer quelques trucs tout simples. Bravo Max, tu peux être fier de toi !

samedi 25 octobre 2008

James Bond tué par les subprimes ?

Ce que tous les méchants les plus puissants et vicelards n'ont pas réussi, la Crise va-t-elle le faire ? Interviewé par le Telegraph, Daniel Craig, le 007 le plus crispé et le moins drôle de la franchise, glisse qu'aucun autre film n'est planifié. Alors qu'à part le hiatus entre Timothy Dalton et Pierce Brosnan (1989-1995) un nouvel épisode était chaque fois annoncé à la fin du dernier opus.
"Economically the world is in quite a lot of trouble so who knows if we can afford to do another Bond movie anytime soon?"

Quantum of Solace, voilà un titre pompeux qui évoque plus un film d'action futuriste, qui ne saurait pas trop quelle histoire il raconte, que l'action désinvolte qui faisait le charme et caractérisait la marque 007.

L'équation est simple : si le dernier Bond fait moins bien que le bournesque Casino Royale, il sera quasi impossible de trouver des financements pour lancer un nouveau chantier. Va-t-on voir moins de grosses machineries décérébrées squatter les écrans dans les années à venir ? Voilà une tendance qui sera intéressante à observer.

Pour James Bond contre Mathieu Amalric, des interviews, du blabla de tournage, et une comparaison Bond/Bourne de journaleux ciné qui se croit drôle, consulter la page dédiée à 007 @ Telegraph.co.uk

lundi 20 octobre 2008

Mesrine, pour voir (en cassation)

Le biopic est à la mode, certes, mais il ne l'était pas encore en 2001, quand l'idée de cette adaptation des romans autobiographiques de Jacques Mesrine avec Cassel en tête d'affiche, a pris forme. Et le biopic de gangster flambi-flamboyant, filon ou fausse piste ? Toujours est-il que le projet, comme Babylon Babies, a traîné en longueur. Dès le départ, il était question de faire 2 films. En ce qui me concerne, tout ça suffit déjà à émettre des doutes sérieux.

Barbet Shroeder était attaché au projet à l'origine, Vincent Cassel aussi ; et puis Cassel n'était plus disponible et alors il a été question de Magimel (oui, Magimel, avec une moustache en plus comme dans les Chevaliers des Brigades du Tigre du Ciel). Bref le projet n'a pas vraiment été sur des rails mais disons qu'au moins, si à l'écriture ils gardaient la foi, ça leur laissait le temps de peaufiner, au choix du maître-queux, un polar violent ou un film noir.

A L'ECOLE DE LA 5ème CHANCE

Venons-en à LA pièce à conviction du dossier : le producteur s'appelle Thomas Langmann, et malgré sa bonne volonté on ne peut pas dire qu'il ait la vista de son père. 1962 : l'Oscar du Meilleur Court Métrage est attribué à la première réalisation, première production du jeune Claude Berri, un acteur sans le sou. 2008 : sortie sur les écrans de la troisième adaptation cinématographique de la BD Astérix. Après avoir dû sagement abandonner l'idée à son père pour les 2 premiers volets, Thomas Langmann prend les commandes et décide même de co-réaliser la méga-production Astérix aux Jeux Olympiques. Malgré le battage, le film ne fait pas illusion longtemps et d'ailleurs il laisse vite la place dans les salles à un film pas attendu du tout : Bienvenue chez les Ch'tis, produit par Claude Berri. Ouch, je n'ai entendu personne signaler cette cruauté du Box-office. En attendant Claude Berri espère toujours que son fils va prendre sa relève et devenir un producteur qui compte. Sans penser à tout ça le spectateur espère juste voir de grands films, ou au moins de bons films.

Alors Mesrine, la consécration pour cette persévérance malgré la présence écrasante (mais pas seulement) du père ? Je ne tire aucun plaisir à trouver des raisons de douter de la réussite du projet, ce n'est pourtant pas de ma faute si autant d'arguments viennent contredire tout optimisme. Comme tout amoureux de cinéma j'ai envie de voir des bons films, français par exemple. Est-ce que j'ai envie de voir un film sur Mesrine ? Non. Est-ce que le public veut voir un film sur Mesrine ? Un 36 Quai des Orfèvres avec un héros révolté contre l'ordre, dans une expérience en deux parties ? Je ne suis pas sûr que ce soit dans l'air du temps. Les exploitants eux en doutent fortement après le bide ces derniers mois de Jean-Paul Rouve en Spaggiari et Vincent Elbaz dans Le Dernier Gang. OK, Cassel apporte nettement plus de poids au projet, mais Mesrine ça n'évoque plus rien aujourd'hui, 20 après que les derniers punks ont changé de coupe. Le téléfilm diffusé en 2006 n'a d'ailleurs pas suscité beaucoup d'intérêt alors que le public TV est en moyenne suffisamment âgé pour se souvenir du gangster (à défaut d'avoir un fond de sympathie anarchiste pour le gars).

Dans son commentaire détaillé, un spectateur US sur IMDb pense que le film mériterait d'être condensé et qu'en l'état c'est un enchaînement de scènes pas suffisamment convaincant (malgré l'efficacité des scènes de fusillade et l'humour du personnage) pour justifier un second volet.
The pacing is just too disjointed for an audience to invest in a story thread long enough to care before we are on to the next.
Verdict mercredi, 16h.

samedi 18 octobre 2008

Hadopi-f Gadget

A propos des réserves émises par le sénateur de Vendée, rapporteur pour avis du projet de loi Création et Internet,
Le sénateur est membre de la Commission des affaires économiques, qui n’est pas celle qui chapeaute le texte du projet de loi, puisque le dossier a été transmis aux Affaires culturelles. Lorsqu’un sujet est transversal, il est classique toutefois que d’autres commissions se saisissent de tout ou partie du sujet afin de donner [leur] avis. Bruno Retailleau devrait en conséquence présenter un rapport avec une série d’amendements qui seront transmis pour avis à la Commission des affaires culturelles et au gouvernement. Il interviendra en séance avant le vote du texte pour donner plus d’éclairage sur ses positions. (Marc Rees PCinpact)
En clair, pendant que ça se triture la nouille dans l'appareil législatif, on va largement avoir le temps de se rendre compte qu'on s'est posé les mauvaises questions. En attendant ça occupe du monde et c'est rigolo d'imaginer que certains fonctionnaires piaffent d'impatience de pouvoir intégrer cette Haute Autorité pour la Diffusion et la Protection des Droits sur Internet, une police du Net drapée des oripeaux de la Haute Culture. Sûr que la Sacem aimerait bien noyauter un tel bras armé de son business.

Voir aussi la lettre ouverte de l'UFC-Que Choisir à la Commission Européenne

jeudi 16 octobre 2008

Faites des films d'amour, pas des films de guerre

J'ai longtemps évité de regarder Black Hawk Down (La Chute du Faucon Noir) de Ridley Scott. Préjugé principal : film de guerre américain centré sur un événement historique somme toute anecdotique et ne racontant pas en particulier l'histoire d'un ou de quelques hommes. Comme je suis un peu ouvert d'esprit j'ai donné sa chance au produit, et c'est sans aucune fierté (j'ai perdu 2h de mon temps) que je peux affirmer que c'était bien ce que je craignais.

La débauche d'effets militaires écrase le semblant d'histoire, de suspens, de personnages etc. Très impressionnant la variété des plans de l'embuscade géante (et qui n'en finit pas), mais on finit par être anesthésié, à ne plus trop savoir quel groupe on suit, dans quelle direction, avec quel obectif (retraite? groupe de secours? lequel des 2 crashs? le groupe est-il encore au complet ou a-t-il perdu des hommes en route?).
A force de surenchère on ne sait plus trop où on est : l'impression serait réussie si on suivait un seul troufion genre Josh Hartnett, stressé au début puis qui a finalement passé l'épreuve du feu (manquent juste un petit drapeau US en surimpression pour que ce soit ridicule ; faut avouer que Ridley n'a pas trop forcé sur le patriotisme, mais bon, ils sont tellement sympa et mignons tous ces soldats...).

Faire un film en s'acoquinant avec l'Armée ça fait trop de concessions pour un seul homme. Toute l'armée doit être présentée comme clean, il faut glorifier les KIA (morts au combat), les vétérans, rabâcher les valeurs "no child left behind" (enfin presque)... ça ne peut que faire un film bourrin ou bande démo pour l'armée, voire les deux, et ce, qui que tu mettes derrière la caméra.

Un film pro-armée mais anti-guerre se défend Ridley Scott ? Ben tous les films qui ont voulu mettre en scène l'absurdité de la guerre, sans être concentrés sur un individu, ont bien été obligé de montrer l'absurdité de l'armée (chaine de commande moins humaine que le pauvre Général Garrison stressé pour ses positions comme un trader en plein krach). Johnny got his gun ne parle que d'un jeune américain, mais Les Sentiers de la gloire ne cherche pas à faire une tragédie Péplum où les armées sont victimes des mauvais sorts divins tombés sur leurs chefs qui ont snobé les augures. L'approche de Cimino c'est la fresque interminable sur la violence humaine, pas spécifiquement sur la guerre ou les soldats. Spielberg en revanche donne au soldat un rôle romantique et brosse le vétéran (et la mémoire collective qui veut tout mythologiser) dans le sens du poilu. Dans Full Metal Jacket Kubrick faire encore moins l'économie de la confrontation avec l'absurdité de l'armée, l'absurdité de la guerre est presque un soulagement à côté et en tout cas elle permet à l'occasion au soldat de faire appel à son propre jugement sans être continuellement harcelé par la discipline de caserne et l'émulation négative qui l'accompagne.

Quand Tarantino pense à faire un film qui se passe pendant la guerre il part sur la piste 12 salopards : la simplicité logique, donc scénaristique, d'un commando avec en plus un groupe de gais lurrons. C'est déjà plus sympa comme approche : pas besoin de grosses scènes de bataille compliquées (ou juste une pour illustrer en passant comme dans Le Bon la Brute et le Truand : excellent exemple sur l'absurdité de la guerre sans en faire un fromage de 2h30), juste besoin d'un but précis vite dévoilé (quitte à être modifier en cours de route). Je ne suis pas très fan des 12 salopards, très schématique et zéro substance derrière, mais j'avoue que connaissant le talent de scénariste/dialoguiste + le sens de l'image de Tarantino Inglorious Bastards me tente pas mal, sauf s'il s'avère qu'on est dans la pan-pantalonade pour ados genre Une Nuit en Enfer (pour info je n'ai toujours aucune envie de voir Kill Bill pour la simple et bonne raison que j'ai l'impression que QT y galvaude son talent en se faisant plaisir après avoir -un peu trop- essayé d'être sérieux dans Jacky Brown). Évidemment Inglorious Bastards se veut à la croisée des 12 salopards et du film spaghetti...

Mais trêve de bavardages, le film de guerre n'est qu'un genre bâtard qui a vu le jour parce qu'il fallait faire de la propagande pour l'effort de guerre (inter)national et donc pour les braves soldats qui se sacrifient en combattant l'Axe du Mal. Avant ça le soldat était juste un personnage romantique dans un décor exotique ou rattrapé par son passé (la légion à l'écran c'était Gary Cooper ou Jean Gabin, mais pas John Wayne).

mercredi 15 octobre 2008

Taking Lessons from Krugman

Les conseils que Paul Krugman tire de son parcours d'économiste sont bons à prendre pour tout le monde, et en l'occurence ils cadrent parfaitement avec le cinéma.
Parce qu'il n'est pas un universitaire conventionnel, enfermé dans sa discipline, ses 4 règles valent de l'or pour qui étouffe dans un environnement auto-centré, où la créativité en particulier est devenu quelque chose de trop sérieux pour être confiée à des individus.
1. Listen to the Gentiles

2. Question the question

3. Dare to be silly

4. Simplify, simplify
  1. Il s'agit tout simplement d'être ouvert d'esprit, curieux, et de ne pas mettre le nez dans le guidon avant d'arriver sur la ligne de départ. Avec Internet personne n'a d'excuse pour ne pas s'intéresser à des sujets divers, ou au moins pour ne pas écouter des avis différents sur une question précise. Et même sans internet les capacités d'écoute, d'empathie sont primordiales pour qui a d'autres ambitions dans la vie que faire ce qu'on lui dit de faire.
  2. Aller au coeur du sujet, ne pas s'embarrasser de détails et d'anecdotes pour autre chose que leur contribution à une vision d'ensemble. Au niveau de l'écriture l'expression "Kill Your Darlings" me vient à l'esprit. Une idée en soi ne vaut rien, on n'a pas le droit de tomber amoureux d'une idée, ce qui compte c'est les idées qui vont venir s'y greffer, ou la faire rejeter, dans une démarche construite et rigoureuse.
  3. Construit et rigoureux n'empêche pas de laisser la fantaisie s'immiscer dans la réflexion. Au contraire, sans elle la motivation se perd et l'enthousiasme originel se dissout dans un labeur roboratif. J'ai déjà évoqué sur ce blog la technique de "brainstorming sportif" prônée par le scénariste américain William Goldman sous le nom de spitballing. Ce terme de base-ball n'évoque rien de ce côté de l'Atlantique, mais il évoque un processus qui demande des partenaires de jeu sur la même longueur d'onde et qui suppose de pousser l'imagination et la logique
  4. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » : cette citation de l'Art Poétique de Boileau sera à méditer avec cette Pensée où Pascal explique qu'il faut placer en exergue le résultat de sa réflexion. Il faut en effet avoir cette abnégation de ne pas vouloir faire partager au public les affres de la création, de la recherche, car ce qui compte c'est la forme épurée à laquelle on est parvenu. Le reste n'est que littérature de remplissage, ou peut encore remplier les bonus d'un DVD. Au final le grain de folie passé au tamis de la rigueur laisse apparaître de belles pépites qu'il reste encore à apprêter, parce que tout ça n'est que travail.

mardi 14 octobre 2008

Félicitations à Paul Krugman

Est-ce que son Prix Nobel d'économie va changer quelque chose ? En tout Paul Krugman espère bien que non. A la marge, disait-il hier, les gens qui lisent ses chroniques bi-hebdomadaire dans le NY Times seront plus indulgents lorsqu'il aborde des sujets plus techniques. Mais bon, il fait déjà un tel travail de vulgarisation que c'est surtout un nouveau public, plus international je pense, que son Nobel va lui apporter.

De son côté il va crouler sous les solicitations nouvelles, le tarif pour obtenir un discours de lui lors d'un congrès va nettement augmenter (c'était déjà assez cher mais rien comparé à ce que Sharon Stone ou Bill Clinton peuvent facturer), et au milieu il va essayer de garder le même rythme de vie. L'avantage c'est que ça fait déjà une vingtaine d'années que son travail est reconnu en économie, et il lui suffit de ne pas changer d'environnement... mais son environnement peut tellement le regarder différemment que de toute façon il aura des nouveaux paramètres à intégrer.

PAUL KRUGMAN & LE TELECHARGEMENT GRATUIT

Parmi les avis éclairés qu'a émis Krugman, sans attendre de recevoir le Nobel, et que j'espère bien retrouver à l'occasion, entre deux chroniques sur l'économie américaine ou sur les enjeux monétaires internationaux, il y a celui du 6 juin dernier, en faveur du téléchargement gratuit, évoqué par Numérama.

Cette chronique intitulée Bits, Bands and Books se place dans la perspective de l'évolution de l'économie numérique, et non pas dans le passé des mastodontes de l'édition (musicale/littéraire/vidéo) dont les marges sont irrémédiablement laminées. Krugman ne s'amuse pas à polémiquer sur d'éventuels bienfaits du téléchargement gratuit tel qu'il existe aujourd'hui, au contraire il explique la tendance en cours et la réflexion qui doit l'accompagner :
everything that can be digitized will be digitized, making intellectual property ever easier to copy and ever harder to sell for more than a nominal price.
Il n'y a pas à se plaindre, la technologie permet aussi, par exemple, de mieux attribuer une oeuvre à son créateur, de le faire connaître instantanément, quitte à lui de profiter de toutes ces opportunités d'accès quasi-gratuit à un public quasi infini.

Paul Krugman conclut en faisant allusion à la démarche d'encouragement à la copie gratuite des Grateful Dead :
It won’t all happen immediately. But in the long run, we are all the Grateful Dead.
C'est à dire "sur le long terme nous aurons tous adopté la philosophie des Grateful Dead". L'expression cache un petit clin d'oeil à la fameuse citation de Keynes, pleine d'ironie pour les théories économies "à long terme nous sommes tous morts".
D'ici là nous pouvons déjà nous montrer reconnaissants (grateful) envers Paul Krugman pour son travail de vulgarisation, qui est finalement aussi important que ses travaux de recherche économique maintenant récompensés d'un Nobel.

samedi 11 octobre 2008

Apocalypse, now and then

Le cinéma s'est beaucoup intéressé à l'Apocalypse. Il n'est pas dur de comprendre que le thème ait été traité plus facilement après Hiroshima. Avant la Seconde Guerre Mondiale, l'Apocalypse n'était qu'un concept intellectuel religieux et puis c'est devenu une menace réelle. Les différentes adaptations du roman de Richard Matheson I am Legend (1954) jusqu'à nos jours ont balisé un nouveau genre, celui du film de zombies.

Aujourd'hui l'évocation de l'Apocalypse est donc bien plus forte dans la tentative d'imaginer l'après, que dans la démarche d'anticiper la Fin du Monde. Kubrick s'est rendu compte en cours d'écriture que Docteur Folamour (1964) ne pourrait marcher que comme une comédie noire (c'est d'ailleurs son seul film comique). Aujourd'hui ce film peut paraitre moins puissant puisque l'imminence d'un conflit nucléaire est assez diffuse... en attendant une prochaine crise de Cuba, beaucoup plus dure à gérer si la situation de gendarme des Etats-Unis reste à ce point affaiblie.

D'un autre côté quand un film prend pour titre Armageddon, la Fin du Monde est, sans équivoque, une grosse blague, un gros prétexte à des scènes d'action, exactement comme à chaque fois où James Bond sauve la planète (littéralement en tout cas dans Moonraker).

Et une apocalypse économique alors ? Ce week-end se joue l'équilibre de l'économie mondiale et de ses bases telles qu'elles ont été patiemment posées à partir d'Hiroshima justement. L'administration Bush, en sursis, est face un problème bien plus complexe que d'enfumer l'opinion publique avec la peur de l'Axe du Mal qui s'exporte bien, avec des diversions dispendieuses en Irak et des mensonges pour maquiller la malhonnêteté intellectuelle du tout. De son côté l'Europe est incapable de s'accorder sur une action commune, et au bout du compte ce n'est pas mieux que d'avoir un gouvernement unique bloqué par un prochain changement d'exécutif.

Dans un film ça donnerait quoi ? Tout ça n'est pas très visuel, et d'ailleurs la crise de 1929 a plutôt donné lieu à des films sociaux. Oui mais maintenant que tous les dirigeants pensent que le New Deal c'est du passé, de la préhistoire économique, il va falloir s'habituer à croiser de plus en plus de zombies dans les rues. Et justement, depuis 2001, ils étaient déjà revenus à la mode sur le grand écran. Traders déglingués, gros porteurs crashés, petits porteurs torpillés, et surtout consommateurs assidus asphyxiés... voilà des profils qui vont se retrouver bientôt en liberté, affranchis bien malgré eux des certitudes à code barre du confort moderne.

Dans les années 70, à la fin des films catastrophe il y avait toujours une petite poignée d'élus pour survivre, et un bon paquet de sacrifiés pour doser l'émotion du spectacle. Alors notre Apocalypse, on se la tourne comment ?

dimanche 5 octobre 2008

En cherchant une bonne raison d'aller au cinema

Hier je suis allé avec Leloup au ciné. Je n'avais pas particulièrement envie de voir un film ou un autre, et certainement pas un western. Pourquoi ? Parce que le genre est très largement balisé, que Sergio Leone a imposé sa marque, il y a plus de 40 ans, en versant dans la parodie pour sortir des codes, allant même jusqu'à se prendre très au sérieux dans son maniérisme parodique (Il était une fois dans l'Ouest). Même les westerns de Clint Eastwood tombent aussi dans un maniérisme, propre à leur réalisateur certes, mais dénué d'humour.

Bref, entre tous les westerns des années 40 à 60 dont ceux de John Ford, Sergio Leone, et depuis avec ceux de Clint Eastwood, le western est un genre usé jusqu'à la corde. Une fois sortis du schéma des tuniques bleues qui arrivent pour génocider les méchants indiens et sauver le gentil colon et sa famille, le western n'était plus qu'un cadre simple à l'intérieur duquel il est plus facile de raconter, de manière libre, une histoire simple. Missouri Breaks, Jeremiah Johnson font partie de cette démarche dans les années 70. Cimino a voulu se prendre au sérieux, faire dans le monumental et il s'est emmélé les pinceaux avec Heaven's Gate, plus connu aujourd'hui pour avoir coulé le studio United Artists que pour sa succession de jolis tableaux naturalistes ou les fesses d'Isabelle Huppert.

Pour Appaloosa certains évoquaient Butch Cassidy et le Kid. Effectivement le ton est assez humoristique globalement, mais nos deux cowboys solitaires restent bien proches de caricatures taiseuses plus rapides que leur ombre (voir ma critique en anglais sur IMDb). Butch Cassidy c'était quand même nettement plus qu'un contexte bateau de western, avec un ménage à trois (pas juste un boudin jeté au milieu de l'histoire), une aspiration à la liberté (pas un sheriff coincé dans Main Street), un exil vers l'Amérique du Sud... Enfin, qu'on ne compare pas le scénario qui a révélé William Goldman à cette adaptation d'un roman de cowboys vachement impressionnants avec leur gachette, mais totalement creux sans leur calibre.

Bref l'affiche du film faisait déjà western calibré, regards sévères et machoires serrées, mais Leloup, dans sa déformation professionnelle de rassembler des avis prétendument éclairés sur une question, avançait que les critiques étaient bonnes. "Objection rejetée !" lui ai-je dit, les critiques ne servent qu'à vendre du papier et n'ont aucun recul dans leur rôle de scribouillards des salles obscures. "Mais ça peut permettre d'éviter de se fourvoyer avec des daubes." Non. Dépendants des infos et des interviews qu'on veut bien leur accorder, les critiques font du bruit pour les gros films (un Despléchin est un gros film aussi en termes d'a priori favorables) et ne peuvent pas grand chose pour attirer l'attention sur des petits films qui le mériteraient. Les critiques ne sont pas au service du spectateur ou du film, mais au service du lecteur et du distributeur.

De mon point de vue, on ne prépare pas son envie de cinéma. Si on attend un film en particulier alors oui, on va lire ce qui se dit dessus mais ce serait dommage d'avoir certaines scènes (voire certaines scènes clés) déflorées par un critique dont le travail, peu exigeant intellectuellement, consiste la plupart du temps à paraphraser ce qu'il a vu, et dans le pire des cas ce qu'il a lu dans le dossier de presse.

Mais je vous sens fébriles là. Malgré tout ce que je peux dire sur la vacuité de la critique cinématographique vous voulez toujours savoir comment anticiper la qualité d'un film avant, éventuellement d'aller le voir, n'est-ce pas ? Alors d'abord, sans lire les critiques, sachez que le consensus critique n'est pas d'une aide plus fiable. La moyenne des notes des internautes pour Appaloosa est à 7.0/10, ce qui correspond à la note moyenne de tous les films répertoriés sur le site. Donc, rapporté à une plus juste proportion ça veut dire 10/20. Pas terrible. A l'école on dit passable pour un élève qui atteint juste la moyenne. Rottentomatoes met le curseur de l'ensemble des critiques US à 75%, c'est à dire 75% de critiques favorables ou assez favorables (les 25% restants sont donc ceux qui jettent des tomates pourries). On dirait aussi que c'est bien, mais pas du tout. Compte-tenu du biais inhérent au travail du critique "professionnel" (il est "structurellement" obligé d'être positif une fois sur deux, ou au moins une fois par semaine) 25% de rotten tomatoes c'est beaucoup. Au delà de 10-15% il faut déjà avoir des doutes. En France Allociné a un système d'étoiles pas précis du tout : normal, leur business c'est de vendre de la pub aux distributeurs et surtout pas de laisser trop de place à ceux qui disent du mal des gros budgets !

Mon approche consiste donc à voir les arguments des critiques qui ont le moins aimé. Si ces argument sont honnêtes le film a des chances d'être mauvais, sinon on peut lui donner sa chance. IMDb permet d'ailleurs de lire les commentaires en alternant critiques positives et négatives, Love/Hate, ce qui permet de survoler les arguments d'internautes sincères à 90% (il y aura toujours qq gars ayant bossé dans la prod qui se croiront obligés d'essayer de dire un truc intéressant). Si malheureusement vous ne pouvez lire que les critiques en français je n'ai pas de potion magique.

mardi 30 septembre 2008

Le Cinéma de demain (3) - La distribution

Après les enjeux de l'exploitation et de la production, évoqués de manière très pointue par James Cameron, voyons un peu au milieu ce qui pourrait changer dans la distribution.

N'en déplaise à ceux qui sont contents de bosser dans la partie, la distribution est la branche la plus mercantile du cinéma, la courroie de transmission entre des films (quelles que soient leurs ambitions ou qualités) et le box-office. Le box-office c'est (un peu moins en France) le synonyme de Public. On ne s'en cache pas, ce qui compte c'est combien il y a dans la caisse une fois qu'on rend les copies ! De grands circuits de distribution peuvent imposer la sortie étendue de certains films contre les études de potentiel qui ont été menées, ou au contraire délaisser complètement un film qui finalement ne trouverait pas sa place dans leur line-up (comprendre le tube dans lequel ils casent à la queue leu-leu leurs torpilles et leurs pétards mouillés, prêts pour une sortie en surface et exploser le BO, ou pour se perdre dans les profondeurs, vers le cimetières des petits navires qui n'ont jamais navigué).

La très sévère autorité anti-trust avait démantelé, aux Etats-Unis, le système des studios, et signalé ainsi le début de la fin de l'Age d'Or Hollywoodien (1948). Jusqu'au début des années 40, en effet, production et distribution étaient regroupées. Les exploitants indépendants subissaient alors la loi des distributeurs qui les obligeaient à prendre en programmation tout un lot de films du studio de la maison-mère. Si le block-booking a disparu, les principaux distributeurs sont liés à un gros studio. Quand un distributeur indépendant comme Miramax tire son épingle du jeu il se fait racheter, et au final la distribution fait toujours la loi. Mécanisme simple : 1/les gros distributeurs ont dans les cartons les gros films à gros budget avec des grosses stars qui vont squatter les médias pour la sortie de leur film, 2/ils inondent le marché de copies (il y a dix ans une sortie sur 700 copies serait apparue scandaleuse en France, aujourd'hui on a allègrement dépassé les 1000 pour les films événements), réservent les plus grosses salles, la meilleure visibilité là où encore, malgré tout, de nombreux spectateurs font encore leur choix (avec quelques idées plus ou moins hardies en tête). Et en 3/il ne reste plus aux autres films qu'a essayer de se faire une place : par une sortie dans un slot délaissé par les gros (où il faut donc jouer des coudes avec d'autres petits dans un marché potentiellement jugé plus restreint), ou en jouant la complémentarité dans l'ombre d'un gros film, dans le sillage d'un mastodonte etc.

Une des raisons, non pas du succès, mais de l'ampleur du succès des Ch'tis, c'est que le film est sorti alors que les distributeurs avaient monté en épingle Astérix 3 (oui, c'est aussi à ça qu'on reconnait les distributeurs : ils pensent toujours que de la merde bien marketée se vend toujours... et en effet 6 millions de spectateurs pour un bide...). Bienvenue chez les Ch'tis est sorti alors qu'Astérix, même dopé avec tous ses artifices marketing-promo, se dégonflait prématurément et dans la période bénie des vacances d'hiver où les gens ont froid, ou les enfants s'ennuient et ou tout le monde veut rigoler un bon coup. Aucun film important n'avait osé se placer là (la sortie pour le début des vacances d'hiver est réservée longtemps à l'avance dans des petits combats d'intox à distance). Bref, sorti un peu plus tard les Ch'tis auraient peut-être facilement atteint dix millions d'entrées, ce qui est déjà phénoménal, mais 20 ?! Là c'est du domaine de la conjonction rarissime !

Alors qui de la distribution demain ? Deux pistes. D'une part les multiplexes ne vont pas s'écrouler, en tout cas pas du jour au lendemain. Ils sont déjà des hypermarchés du spectacle et il ne sentent pas encore le souffle chaud du hard discount sur leur nuque. A ce niveau on peut attendre une distribution indépendante des grands studios qui ferait son chemin dans un esprit "Long tail". Une offre très diversifiée organisée non plus en semaine de location de copies, mais en format festivals, avec liberté localement pour l'exploitant de panacher sa programmation en fonction de la demande. Certes on n'y est pas encore, mais c'est parce qu'il s'agit d'un mouvement de fond qui ne va certainement pas créer une lame de fond avant une dizaine d'année. Enfin, tout va tellement vite... Les gros studios et leur branche distribution vont en tout cas avoir du mal à trouver des soutiens financiers à la moindre secousse pour les mois et les années qui viennent. Bref tout peut très vite arriver.
D'autre part la dématérialisation des contenus semble aussi aller dans le sens où la location vidéo à usage privé va disparaître, ou prendre plus de valeur. C'est l'éternelle alternative : mourir ou grandir. Déjà je vois que les loueurs qui marchent aujourd'hui ce sont ceux qui fournissent un conseil, mais ce ne sera vite plus suffisant. La VoD va balayer les automates et les gentils video clerks, genre cinévore/cinémaniaque Tarantino, vont vite suivre. La raison pour laquelle le cinéma ne va pas mourir c'est que les jeunes, au moins, on besoin de se trouver des occasions de sortir et de se rencontrer. Des salles juke-box conçues selon une organisation de bowling colleraient parfaitement à cet esprit. On en est loin encore, mais s'il doit y avoir une évolution elle se fera dans un sens qui répond à un besoin profond alors que le système d'aujourd'hui est de plus en plus contraignant (ce qui n'est pas pour rien dans l'ampleur du phénomène de téléchargement où des vagues d'ados et de jeunes adultes ont enfin le choix et la liberté de choix à laquelle ils aspirent.

Évidemment le Pouvoir n'aime pas la liberté et surtout quand elle décide elle-même de ses propres limites. Mais le Pouvoir cherche toujours sa source dans le passé, surtout quand la pression du présent le dépasse. Pour boucler cette dynamique, le système actuel est déjà en train d'esquisser un râle qui est un encouragement au changement. Avec ça qui veut encore douter que la partie la plus bâtarde du cinéma, la distribution, sorte de banque émettant des séries limitées de billets selon son bon vouloir, va être l'aspect de l'industrie cinématographique le plus bouleversé dans les prochains années ?

lundi 29 septembre 2008

Des films libres de droit


Il y a maintenant 2 ans j'avais bloggé sur publicdomaintorrents.com et résumé mon point de vue sur la question du téléchargement illégal (une fois de plus, ne comptez pas sur moi pour parler de piraterie pour un phénomène qui n'est même pas au niveau du vol à l'étalage).

Depuis je ne suis presque pas allé sur ce site (et j'ai donc plus téléchargé illégalement que légalement donc). Le problème avec les films tombés dans le domaine public c'est que n'importe qui possèdant une (vieille) copie (pellicule) peut la redistribuer. De fait on a rarement de très bonnes copies de ces films à moins d'être un collectionneur maniaque ou une cinémathèque qui lance à l'occasion des travaux de restauration. Bref une bonne copie d'un film "gratuit" ça se paie, à un moment ou à un autre. D'un autre côté on a vu depuis 5-6 ans se multiplier l'offre de DVD pour ce genre de films tombés dans le domaine public. Aujourd'hui l'offre se présente sous la forme de packs bon marché : une dizaine d'euros pour 5-6 voire une dizaine de films, ou sinon à l'unité pour une poignée d'euros. Le souci c'est que la copie de départ est souvent médiocre, ou alors que le travail de pressage est très mauvais. Mais bon, à ce prix on n'est pas vraiment floué, et il faut reconnaître qu'on visualise alors très bien que la qualité se paie.

Tout ça m'amène à faire le point sur le juste prix pour un DVD : une poignée d'euros, disons 5€ pour un film dans un package minimaliste 1 an après la sortie en salles. Comment s'étonner qu'il y ait un phénomène massif de téléchargement illégal quand l'industrie croit encore pouvoir fourguer des DVD de films récents à plus de 20 euros ?

Quand un produit comme le DVD se vend moins bien après une période faste, c'est qu'il faut le vendre moins cher. Le téléchargement illégal est juste un révélateur de ce fait et en aucun cas un vice que l'on peut éradiquer. La VoD ne commence-t-elle pas à faire son trou en ayant compris la situation actuelle et le juste pricing ?
Derrière, les gros exploitants ont intérêt à suivre le mouvement : il est scandaleux (ou plus simplement suicidaire) d'exclure toute une population qui ne dispose ni de tarifs réduits ni n'entre dans la cible des veaux encartés.

dimanche 28 septembre 2008

General release on Nov. 4th

Après Dumbo W. & Dick C., le blockbuster bien débile qui a cartonné partout dans le monde ces 8 dernières années avec ces explosions à plusieurs milliards de dollars, un body-count a faire pâlir Rambo, le tout avec des petites blagues dans la veine "Oops, vous inquiétez pas je tiens bien le volant", un remake est en préparation.

Ah ben oui ce sera difficile de faire aussi bien dans le spectacle débile. Le film est en tournage, le développement a coûté un bon paquet de millions de dollars, mais au bout du compte si le potentiel dans les salles obscures n'est pas jugé suffisant pour cette suite sans prétention, hé bien elle risque fort de rester dans les cartons.
Et ce serait dommage, car malgré tout on ne peut pas nier une belle créativité dans la surenchère éléphantesque sur Dumbo W. & Dick C..

Mr. McCraps
& Mrs. Ap-pallin'
Sortie sur les écrans le 4 novembre donc.
Et ceci n'est pas une fiction.

samedi 27 septembre 2008

Paul Newman (1925-2008)

J'en retiens une sacré classe à l'écran quand il voulait bien sortir de son image beau gosse/actor's studio (image bien tournée en dérision avec les extraits de Harper détournés dans La Classe Américaine). Je garderai en mémoire sa présence dans Butch Cassidy et le Kid (pour lequel il a accepté de partager l'affiche avec un Robert Redford alors inconnu, ce qui est remarquable pour une super-star comme lui à l'époque), son personnage touchant dans The Verdict ou son rôle d'ordure sans scrupules dans Le Grand Saut.

Je ne sais plus si c'est dans le bouquin d'entretiens avec Truffaut, mais j'ai aussi cette anecdote en tête à propos du Rideau Déchiré où Hitchcock dirigeait Newman. Newman, très -trop-sérieux dans son job Actor's studio demandait à Hitchcock quelle était la motivation de son personnage dans la scène qu'ils tournaient. Hitch s'était intéressé à la psychanalyse sur certains films (La Maison du Dr Edwardes en particulier, et ses fameuses toiles de Dali pour les séquences de rêve), mais ce n'était pas du tout son langage pour diriger un acteur. Sa réponse à la question de Newman "Quelle est ma motivation?" : "Le chèque que tu vas toucher à la fin du film."

mardi 16 septembre 2008

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraissemblable

Le NYT annonce aujourd'hui la mort du Frank Mundus, qui semble avoir inspiré Peter Benchley pour écrire Jaws, le best-seller dont Steven Spielberg tirera ce qui deviendra son premier 'blockbuster' à sa sortie lors de l'été 1975.

Les journalistes veulent extrapoler à trouver dans Frank Mundus le modèle pour le personnage du chasseur de requin Quint, magnifiquement interprété par Robert Shaw. Oui ils sont tous les deux chasseurs de requin, mais ce n'est pas parce qu'on n'a aucun talent d'écrivain qu'on peut se permettre de décider comment ceux qui en ont sont inspirés.
Mr. Benchley, who died in 2006, denied that Mr. Mundus had been the inspiration for Quint, whom he described as a composite character.

Clearly irked, Mr. Mundus said: “If he just would have thanked me, my business would have increased. Everything he wrote was true, except I didn’t get eaten by the big shark. I dragged him in.”

En fait si Benchley avait été inspiré par autre chose que la pratique très sportive de la chasse au requin à laquelle l'avait initié Mundus, il aurait mis en scène un personnage "bigger than life", non pas au sens mythologique du héros humain contre les créatures des dieux, mais simplement trop folklorique pour avoir l'air crédible une fois traduit en description littéraire.
Mr. Mundus inevitably became known as Monster Man, and he looked the part, with his safari hat, a diamond-studded gold earring, a jewel-handled dagger with a shark-tooth blade, and the big toe of one foot painted green and the other red, for port and starboard.
Qui oserait mettre un tel personnage dans un roman ou un film ? Un bien mauvais conteur d'histoires en vérité. Dans les Dents de la mer Quint est imposant, fascinant, son obsession ne fait peur qu'au moment où l'on ne peut plus faire machine arrière, mais en aucun cas Quint n'apparait comme un personnage coloré à la truelle. C'est en quelque sorte le capitaine Haddock qui par sa vigueur, son énergie débordante, donne du relief aux autres personnages.

dimanche 7 septembre 2008

Babylon A.D. : chronique d'un ratage planifié

2002 : quand tout a commencé

Mathieu Kassovitz a eu comme projet d'adapter Babylon Babies, roman de Maurice G. Dantec, en 2002. Enflammé après avoir lu le livre quasi d'une traite ("Je l'ai lu en une ou deux nuits. Et je me suis dit que cela ferait un bon film... de six heures! Pour un budget de 500 millions d'euros!") il se porte acquéreur des droits de l'adaptation via sa société de production MNP et celle de Christophe Rossignon, son fidèle producteur depuis ses derniers courts chez Lazennec jusqu'à Assassin(s).
Le développement du projet commence, Eric Besnard est engagé pour écrire les premières versions de l'adaptation en défrichant avec Kasso les 700 pages du roman.

2003 : Gothika, les chiens aboient et la caravane passe

En 2003 Joel Silver propose à Kassovitz de tourner un petit film d'horreur, destiné à ramasser quelques millions de dollars lors d'une sortie pour Halloween. Le réalisateur français se défend à l'époque de cette nouvelle commande (après l'adaptation des Rivières Pourpres) en expliquant que c'est pour gagner de la crédibilité auprès des studios ricains, et en passant de prendre la mesure d'un tournage du côté de Montréal. Gothika fait son petit résultat, personne n'y voit un film intéressant et le développement de ce qui s'appelle encore toujours Babylon Babies continue.

2004-2006 : la vie est une longue rivière pourpre

Trois années pleines de développement. La pré-production proprement dite commence à la mi-2006 et le tournage fin 2006. Evénement marquant de cette période : Christophe Rossignon lâche très vite le projet et c'est Alain Goldman, producteur de Kassovitz sur les Rivières Pourpres, qui reprend les rênes.

De mauvais augure ? On dira toujours que c'est facile d'analyser après coup, néanmoins voilà quelques faits précis : Rossignon a produit les films "personnels" de Kasso, de Métisse à Assassin(s), ceux où le réalisateur avait un univers à mettre en image. Par la suite Rossignon n'a pas produit de films extraordinaires mais il s'est toujours montré très avisé dans ses choix. Goldman est, disons, plus flamboyant. Il atèle Kassovitz et Grangé à l'adaptation du roman de ce dernier : Les Rivières Pourpres. Le scénario n'est pas bouclé, il faut se dépêcher pour tourner dans les Alpes en hiver : le film se fera avec une fin bâclée qui en a désorienté plus d'un (surtout ceux qui avaient lu le livre d'ailleurs). Les scènes en haute montagne dans la neige seront d'ailleurs particulièrement compliquées : déjà des problèmes d'anticipation des contraintes climatiques ? Laissons le bénéfice du doute sur la question de l'anticipation à ceux qui font des films d'anticipation...

2007 : tournage de BB qui devient officiellement BAD

Faut-il rappeler les problèmes du tournage ? On n'est pas dans le mythique-épique-tragique de Stalker, mais juste dans le pitoyable malheureusement. Dépassement de budget (un lac slovène pas gelé, le réchauffement climatique a bon dos...), mauvaise ambiance du fait du stress accumulé (hé oui ça coûte cher de nos jour le baril supplémentaire de Vin Diesel) et rallonge de la compagnie d'assurance du film qui met donc le grappin sur des parts du négatif (news du 24/07/07). La Fox aux commandes a de moins en moins envie de rigoler, mais essayez d'imaginer la tronche de ceux qui ont mis des billes dans l'histoire pour couvrir le long développement...

2008 : bientôt dans les salles et direct to oblivion

Kasso a vu son beau bébé lui échapper. Ce pet project qu'il a couvé pendant 4 ans, et qui devait lui permettre d'enfin clouer le bec aux critiques, avait l'ambition d'être un nouveau Blade Runner. Aigri, il avoue se contre-foutre du sort du film qu'il décrit comme "violent et stupide".

Le film sort dans l'indifférence quasi-générale. Le marketing le fait quand même exister en marge du box-office mais l'oubli arrive à grandes cannes :
In its marketing, the Vin Diesel vehicle looked like just another futuristic chase picture and that's what it turned out to be, opening on par with Johnny Mnemonic and Ultraviolet among past disappointments in the mostly unpopular sub-genre.
(Boxofficemojo.com 2-sept-08)
Johnny Mnemonic et Ultraviolet, on pouvait rêver meilleure comparaison, et pourtant niveau genre (futuristic chase) et box-office on est dans la plaque, soit tout juste $20m au Box-Office US en fin de carrière.
Pour info le budget était de $70m.

1997-2008 : Kasso rama

Je me souviens que Kassovitz avait une analyse intéressante sur le plantage intégral de Blueberry (Muraya machin, un truc de Jan Kounen) : est-ce qu'il prendra ses propres responsabilités sur Babylon Babies, un accident industriel planifié avec soin longtemps à l'avance ? (1) Toujours est-il qu'il a perdu ses derniers fans de la première heure, ceux qui voulaient bien être indulgents depuis Assassin(s) et qui voyaient en lui autre chose qu'un enfant gâté du cinéma qui a très vite les yeux plus gros que le ventre.
Il a eu des opportunités de faire (presque) ce qu'il voulait, il a fait n'importe quoi.

En 1997 on attendait beaucoup de Besson, Kassovitz et Kounen pour lancer une dynamique. Tous les trois, encensés comme ils l'ont été pour leur talent (à des échelles différentes) ont tout foiré. Besson se cache derrière son pouvoir de businessman et crèverait plutôt que de faire éclore de nouveaux talents, Kounen s'est avéré n'être qu'un virtuose fumeux et Kassovitz est tombé dans ce piège classique en France où le talent, une fois reconnu, est acquis pour la vie. En France les diplômes conditionnent les gens, pas pour le ciné heureusement (ça se saurait si la Fémis était capable de créer le talent de toutes pièces) mais le microcosme de la profession fait qu'une fois dedans, une fois inscrit sur les tablettes de l'avance sur recettes, on est déjà arrivé. Aux USA, où on produit tant de bouses (pas dit qu'en proportion on soit meilleurs en France), "you're only as good as your latest movie". En France Kassovitz bénéficie encore de sa réputation acquise grâce à La Haine. Ohé ! C'était il y a 13 ans. Il faudrait se réveiller ; les spectateurs vont de moins en moins dans les salles (oui, une carte d'abonnement par-ci, un Ch'ti par là, ça cache bien la forêt) et pour qu'ils croient à la Belle au Bois-Dormant, il faudrait leur proposer des films merveilleux.

EDIT: pour les centaines de lecteurs qui ont atteri ici en cherchant , via google, les sous-titres du DivX (enfin XviD) de 730 Mo, le mieux est de passer directement par OpenSubtitles.org (et encore mieux, de ne pas perdre son temps à regarder des films nuls).

lundi 14 juillet 2008

Albis danaides

PC Inpact a eu la bonne idée de bien analyser l'hypocrisie que j'évoque souvent par ici.

Reprenons tous en choeur : d'abord il y a cette taxe préemptive, c'est à dire une taxe payée d'office pour l'éventualité où le consommateur souhaiterait faire une copie, à usage privé, de ses CD/DVD... A ce moment là pourquoi pas une taxte préemptive sur le prêt alors ? Sur la photocopie, à usage privé, de livres ? Sur les boutures, à usage privé, de géraniums transgéniques protégés par le copyright ?
Officiellement la taxe sur la copie privée ne vient pas compenser le phénomène du partage illégal de fichiers sur Internet (oui, piratage ça fait plus court et plus joli). C'est pour ça que le conseil d'Etat à retoqué la semaine dernière le calcul de cette taxe, calcul qui invoquait sans vergogne les DivX, qui ne constituent en aucune manière un support, et encore moins un sur lequel les ayants-droits peuvent exiger prélever leur écot.
Ce lapsus paperassier est révélateur du phantasme plus général pour ces personnes de se faire justice elles-mêmes, de taxer, sans distinction pour gratter à la source une part de ce qu'elles estiment perdre au bout du tuyau.
Dans les faits donc, comme c'est un outil de compensation inavoué mais qui confère un énorme pouvoir à cette industrie (quasi un pouvoir législatif) on se lâche au point de montrer clairement cet esprit revanchard :
Marc Guez, directeur général de la SCPP : « Il n'y a aucune raison de baisser le montant de la redevance. On pourrait même le relever. Nous avions fait beaucoup de concessions pour que la redevance ne soit pas trop élevée pour les consommateurs et pour ne pas freiner le marché. Eh bien nous allons être beaucoup moins complaisants. Il suffira de le remonter à sa valeur réelle (…) Il y a une bonne marge, puisque nous estimons que la redevance actuelle est dix fois moins élevée que son coût réel pour la filière »
Ben voyons mon coco, envoie-nous directement tes porte-flingues pour le recouvrement, ça soulagera ta tension.

Quels abrutis vraiment... Faut croire que les gros sous ça rend très con. Ils ont 10 ans de retard sur l'évolution technologique, ils courent derrière avec un épouvantail (la culture va mourrir - encore une fois) et un bazooka bricolé tant bien que mal en chemin. Ils vont bien réussir à se faire mal tous seuls.
Pour rester dans la culture et l'imagerie fine, ils me font penser aux Danaides : leur tonneau est, de manière évidente pour tout le monde, percé et ils s'évertuent à en racler le fond en espérant ainsi ramasser plus de liquide.